La sécheresse exceptionnelle et les restrictions d’eau qui touchent l’Europe du Nord en général et particulièrement la France pourrait conduire EDF à arrêter certaines centrales nucléaires, et donc amener la France vers un black-out électrique. Après les problèmes au Japon, le nucléaire fait reparler de lui. Chaque semaine, la France, en état d’alerte, actualise la liste des départements touchés par la sécheresse.
Rappel sur le fonctionnement d’une centrale nucléaire
- Dans le réacteur, la fission des atomes d’uranium entraîne la production d’une chaleur très forte.
- On refroidie ce réacteur avec de l’eau, ce qui produit de la vapeur d’eau.
- La pression de la vapeur d’eau ainsi obtenue fait tourner une turbine.
- La turbine entraîne un alternateur qui produit de l’électricité.
Quel risque avec la sécheresse ?
Le risque est malheureusement très simple ! La fission des atomes d’uranium produisant un très forte chaleur, il faut de l’eau, beaucoup d’eau, pour refroidir le réacteur. Et en période de sécheresse, cette eau pourrait manquer, entraînant la fusion du réacteur, comme dernièrement au Japon.
Rassurons-nous, nous n’en sommes pas là! C’est pour cela que nous risquons justement un « black-out »! EDF, pour éviter un accident, serait obligé de stopper sa production assez tôt pour espérer garder suffisamment d’eau pour refroidir le coeur de réacteur.
EDF se dit vigilant et aurait déjà réduit sa production hydrolique afin de faire des économies d’eau.
Alors black-out ou pas ?
Dans un document publié le 12 mai 2011, Stéphane Lhomme, président de l’observatoire du nucléaire, organisme indépendant de surveillance du nucléaire, explique que « 44 des 58 réacteurs nucléaires français sont en bord de rivières et risquent donc de devoir être arrêtés ».
« Risques de pénurie… voire d’accidents nucléaires »
Stéphane Lhomme explique encore :
« Au mieux (si l’on peut dire), les exploitants peuvent être amenés à stopper les réacteurs nucléaires, faisant courir le risque de black-out et de pénuries. En effet, 44 des 58 réacteurs nucléaires français sont en bord de rivières : seuls les 14 situés en bord de mer sont à peu près assurés de pouvoir être refroidis correctement cet été. »
« Au pire, hélas, ce sont de véritables accidents nucléaires qui sont possibles : soit lors de tempêtes menaçant la sûreté des installations (comme ce fût le cas en décembre 1999 à la centrale nucléaire du Blayais qui a frôlé le désastre) ; soit lors de sécheresses ou canicules qui peuvent empêcher le refroidissement des réacteurs nucléaires. »
Il faut rappeler que, même à l’arrêt, un réacteur nucléaire demande beaucoup d’eau pour être refroidi. Nous l’avons malheureusement vu dernièrement à la centrale de Fukushima qui demandait toujours ce précieux liquide en abondance bien que la centrale n’était plus en production.
Cette sécheresse, même exceptionnelle, démontre, selon stéphane Lhomme, que « le parc nucléaire français est un colosse aux pieds d’argile ».
Espérons donc qu’il pleuve, pour éviter une catastrophe nucléaire et ne pas manquer d’électricité. A l’heure où le gouvernement Français confirme son engagement dans le nucléaire, il est ironique de voir qu’une pluviométrie particulièrement basse met à mal une grande partie de la production électrique Française. Un argument de plus pour un changement de politique ?
Sources : Observatoire du nucléaire – http://observ.nucleaire.free.fr/
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